[RP] Baptême d'Eugénie de Varenne

Bon sang de bois, il allait dans le Sud, dans le Béarn en plus, et il aurait mis sa main à couper qu’il n’aurait même pas l’occasion d’en profiter pour aller y saluer certaines de ses connaissances. Connaissances d’avant, certes, mais connaissances tout de même. Toujours était-il qu’il avait, pendant une accalmie, put prendre le chemin du Midi, escorté d’une troupe solide – une demi-douzaine de gars bien dressés à coiffer les brigands à coups de masses et de lances – et monté sur une haquenée point trop récalcitrante, rejoint la bonne ville d'Auch. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour le Très-Saint Nom du Seigneur ?

Bon, et aussi pour le moins Saint mais tout aussi audible nom de celle dont il assurait, plus ou moins, l’encadrement moral. Ce qui, au vu de ses accommodements avec certaines des règles du Très Haut, n’était peut-être pas un gage de Salut, certes, mais c’était elle qui avait demandé. Aussi, fidèle à sa parole, laissa-t-il ses hommes sur le parvis pour se signer et entrer dans la chapelle. Une évêque, à voir sa mise, quelques copistes et… pas de vicomtesse. Pourquoi n’en était-il qu’à peine surpris. Il s’avança donc vers la seule dame présente, s’inclina devant elle et se présenta.

- Monseigneur, je suis Guillaume de Jeneffe, futur témoin de la vicomtesse de Varennes.

« Si du moins elle daigne se montrer » finit-il pour lui-même. Nous avons donc, une abbesse, une flopée de petites mains, qu’il salue aussi, des derniers bancs qui se remplissent grâce aux cinq gars qui ont gagné à « la-courte-paille-décidera-çui-qui-va-veiller-les-ch’vaux ». Ya pas comme un intrus dans la liste des absents?

Il y avait bien long que l'évènement était attendu, et ce n'était pas peu dire. Mais qui connaît la Varenne sait que la notion de temps est une chose particulièrement relative à ses yeux, et que la seule arme efficace en tel cas demeure une inébranlable patience. La chose tombait donc ma foi bien à pic puisque la patience était une des vertus majeures de la Ventoux.

Peut-être était-ce pour cela qu'elle l'avait choisie pour marraine ? A moins que ce ne soit pour les très nombreuses discussions sur bien des sujets, avec conseils et écoute sur le chemin sinueux et empli de tentations ainsi que de raisons de perdre l'esprit une bonne fois pour toute qu'est l'existence ? En vérité, seule la Vicomtesse Eugénie avait les réponses, et rien ne garantissait qu'on les connaîtrait un jour. En était-il besoin seulement ?

Melian avait été mandée pour être la marraine d'une amie qui avait certes mis du temps à entendre l'appel du Très Haut, mais au moins l'avait-elle un brin entendu tout au fond là-bas dans le coin, et c'était là l'essentiel.

Elle arriva donc ce jour-là, vêtue de la robe qu'Eugénie lui avait offerte il y a quelques temps déjà, avec une cape par dessus pour ne pas prendre mal entre les murs de pierre du lieu saint. Elle apportait avec elle dans son aumônière son certificat de baptême au cas où.

En entrant, elle s'avança vers Mère Eglantine, et Monseigneur Guillaume de Jeneffe qu'elle reconnut après un bref instant pour l'avoir déjà vu de loin à de Royales Cérémonies.

Adishatz. dit-elle en faisant révérence à l'attention des présents.

Je suis Melian de Ventoux, appelée par la Vicomtesse de Varenne pour devenir sa marraine.

Etant bien connue de celle qui serait la future Évêque de Tarbes quelques semaines plus tard, la présentation valait plutôt pour Monseigneur le Grand Écuyer de France qu'elle était heureuse et honorée d'enfin rencontrer.

Un regard rapide sur les lieux finalement, pour ne point apercevoir la future baptisée. Léger soupir accompagné d'un sourire. Chassez le naturel...

Et dire que c’était lui qui avait compilé les différentes façons de s’adresser aux gens du temporel comme à ceux du spirituel, il y avait de cela bien des années. Pour se tromper sur la façon de nommer une abbesse qu’il avait par ailleurs identifiée comme telle – même si le narrateur remercie la marionnettiste de Melian de lui avoir remis les yeux en face des trous – au beau milieu d’un lieu saint. Heureusement que la principale intéressée ne s’en était pas formalisée, ce sans quoi le chevalier aurait encore dû faire montre de sa foi et de ses capacités de conciliation. Accueillant donc la correction dans un sourire, il put donc répondre, presque comme si de rien n’était : « Je suis enchanté, ma mère. Et vous avez ma parole que je serai aussi muet qu’une tombe au sujet de vos… multiples affectations ».

Mais avant que la conversation ne puisse se poursuivre – repoussant d’autant le moment où il faudra s’inquiéter de l’absence de la vicomtesse –, une nouvelle noble dame fit son apparition.

« Dame Melian, c’est un plaisir de vous rencontrer enfin. Car si nous avons certainement fréquenté souventes fois les mêmes lieux, nous n’avions encore jamais pu nous adresser la parole, je crois » lui dit le chevalier tandis qu’il s’inclinait devant elle. Sans baise-main ? On vérifie… Arf, non, pas de bras tendu, donc pas de baise-main.

« Comment se porte donc l’Ordre des Chevaliers Francs ? Et le chevalier Acar est-il toujours aussi redoutable l’épée à la main ? »


Comme quoi il est toujours l'heure de compléter un carnet mondain...

Saluant l'invitée du jour avec un sourire amical:

Bonjour ma fille, votre arrivée va nous permettre de débuter sans tarder cette cérémonie.

Après que tout le monde ait pris place, l’Évêque commença:

Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs,

je vous remercie tout d'abord d'avoir fait tout ce chemin pour venir assister au baptême de notre amie. Cela montre, s'il eut fallu, l'attention que vous avez pour elle et son engagement spirituel.

Le nouveau croyant, par les différentes étapes du baptême, voit son âme illuminée par la Foi. En apparence, celui-ci reste le même, mais à l'intérieur de lui, il commence à trouver une forme de paix, en accord avec la Vertu.

Cette paix passe également par le fait de se détacher d'une vision purement matérielle des choses qui corrompt l'homme, le rend cupide et orgueilleux. Si Merlin respecte les vertus tout au long de son existence, la Très-Haut saura être juste et lui accorder le paradis Solaire. Ce sera à nous de l'accompagner sur cette voie.

Mais avant cela, demandons pardon pour nos pêchés, car nous ne saurions accueillir une nouvelle Aristotélicienne avec ne serrait-ce qu'une trace de vice assumée en notre âme.

Citation :

Je confesse à Dieu Tout-puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes Amis, parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action.
Je supplie tous les Saints, et vous, mes Amis, de prier le Créateur pour moi.

Que le Très Haut nous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés.

Puis s'approchant de son ancienne catéchumène, du parrain, de la marraine, mais pas de son éminence:

Eugénie, tu as demandé à entrer dans la famille Aristotélicienne par le sacrement du baptême. Est-ce bien là ton souhait?

Melian, et toi Guillaume vous avez été choisis par Eugénie pour la guider sur le chemin de la foi.
Vous engagez vous donc devant cette assemblée et devant le Seigneur à respecter cet engagement spirituel?

Citation :

Seriez-vous donc en passe de devenir le parrain de la Vicomtesse de Varenne Monseigneur ?

- C’est cela même, ma dame. L’on pourrait même se demander si la vicomtesse de Varenne ne se prépare pas à entrer dans les ordres… chevaleresques, à voir nos tortils ici rassemblés.

Pour sûr, voir Eugénie à Ryes serait un spectacle peu commun. Et qui lui procurerait certainement de nombreuses occasions de rire. Mais c’était aussi probable que d’assister à son propre mariage avec la cardinale Verty. Il fallut donc oublier cette perspective au profit de la réelle raison de sa présence. Guider une nouvelle filleule dans son existence. À en juger par son passé, ce n’était pas le succès assuré car si certains et certaines de ceux qu’il avait ainsi parrainé s’étaient hissés haut, très haut, dans la société, d’autres étaient devenus soit moins fréquentables soit était morts fort tôt… L’on verrait donc le sort que le futur réserverait à la blonde du jour.

Blonde du jour qui fit son entrée comme si de rien n’était. Classique, il n’y avait même plus lieu de s’en étonner. Aussi, c’est sans perdre son sourire de cérémonie qu’il l’accueillit.

« Vicomtesse » ça, c’est pour le retard « le bonjour à vous ».

Il répondit ensuite à l’invitation de l’abbesse dont il écouta les premières paroles avant de reprendre, de sa forte voix si caractéristique : « Je confesse à Dieu Tout-puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes Amis, parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action.
Je supplie tous les Saints, et vous, mes Amis, de prier le Créateur pour moi.

Que le Très Haut nous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés. »

Et, comme sa consœur du jour, il attendit la réponse d’Estampe.