Diantre, le chemin avait été long et pénible... Les routes boueuses où les cheveux s'enlisent jusqu'au boulet, la neige qui vous pique la peau, le vent glacial qui vous mord les chairs, le hurlement des loups affamés dans les bois, rien ne lui avait été épargné tout au long du périple qui l'avait menée de Valence en Béarn. Pour se remettre des rigueurs de la route, la petite diaconesse à la chevelure de feu avait commencé par faire une petite étape à Mauléon, histoire de voir si tout s'y passait bien et si Vanyel ne rencontrait pas trop de difficultés avec les zouailles locales. Rassurée sur le devenir de la paroisse et la survie de son amie et consoeur, Ermi avait donc retrouvé la joie des voyages et s'était rendue à l'archevêché.
Comme à chacun de ses retours, Ermi, que l'optimisme débordant n'étouffait pas, envisageait le pire et pire que le pire en longeant les couloirs. Inconsciemment, elle se demanda si l'évêque était toujours en poste, chose incongrue là d'où elle venait mais plus que légitime là où elle était. C'est donc en haussant les épaules avec un beau fatalisme qu'elle pénétra dans son antre. Laissant temporairement de côté l'idée géniale d'un réaménagement des lieux pour permettre à Vanyel de s'installer elle aussi à son aise, la rouquine porta son attention pleine et entière sur un bout de parchemin. Il ne fallut pas bien longtemps à la petite diaconesse pour attraper et déchiffrer le billet, puis pousser un soupir monstrueux avant de lever les yeux au ciel.
Ca commence bien, maugréa-t-elle. Enfin, ce sera une bonne occasion de discuter avec père Brennach. Et j'en profiterai pour lui déposer son petit présent. Ça fera d'une pierre deux coups. Sans plus attendre, la rouquine se débarrassa de sa lourde cape fourrée, attrapa un étrange paquet, le billet et prit la route des bureaux du coré d'Orthez.